Le démantèlement de la filière nucléaire civile française n’est
plus un risque mais une réalité. Alors que cette filière, fleuron industriel
français, s’exporte et que les compétences qu’elle détient sont reconnues après
70 ans d’investissements et de recherche, elle subit aujourd’hui un véritable
abandon de la part de l’État.
L’électricité nucléaire est compétitive et à bas coût ; elle
participe en cela à la compétitivité des entreprises françaises et au pouvoir
d’achat des ménages ; elle répond aux enjeux de la lutte contre le
réchauffement climatique ; elle permet l’indépendance énergétique du pays.
Et pourtant la filière est victime d’attaques idéologiques en décalage avec les
faits, comme celles contenues dans le projet de loi de transition énergétique ou
dans une communication récente du Président de l’autorité de sûreté.
Alors qu’en 10 ans, des dizaines de milliards ont été versés à l’État,
sous forme de dividendes, par toute la filière nucléaire, la puissance publique
réduit les moyens de la recherche, de la sûreté, de la médecine nucléaire, et prend
peu à peu des positions suicidaires pour toute la filière.
La confédération et les fédérations FO concernées (métallurgie,
chimie, énergie, finances, santé) rappellent leur attachement au développement
et à la sécurisation de l’industrie nucléaire dans le cadre d’une véritable
politique publique industrielle ambitieuse de l’État.
Pour FO, l’État républicain se doit d’être l’actionnaire
majoritaire, voire unique, des entreprises de la filière. Il doit favoriser les
partenariats, doit impulser les investissements et les axes de recherches dans
le cadre d’une véritable politique nationale stratégique pour l’avenir,
notamment pour défendre le positionnement de la filière à l’international.
Pour FO, il est de la responsabilité de l’État de financer une
recapitalisation d’AREVA qui s’avère aujourd’hui nécessaire et urgente. Son
rôle ne peut se réduire à percevoir des dividendes.
L’augmentation des efforts de recherche et d’ingénierie, le
développement du contrôle par la puissance publique ainsi que les impératifs de
la sûreté des installations, la sécurité des personnels (sur tout le cycle de
l’activité nucléaire, médicale, civile et militaire) et la protection des
citoyens doivent primer sur les questions de rentabilité ou de marchés.
L’industrie nucléaire comporte des enjeux spécifiques qui
nécessitent de garantir sa pérennité en la soustrayant aux aléas conjoncturels,
aux marchés, aux conflits d’intérêt et aux jeux de pouvoirs.
Enfin, FO revendique une réactivation immédiate du Comité
Stratégique de Filière Nucléaire du CNI et du Conseil de Politique Nucléaire (CPN).
En lien avec l’ASN, l’État doit retrouver un pilotage public, stratégique,
énergétique et industriel de la troisième filière française qui compte plus de
220 000 emplois qualifiés et un savoir-faire internationalement reconnu. A
défaut, l’ensemble du secteur ne survivra pas à l’atomisation de la filière.
Paris, le 24 avril 2015
Contact :
Pascal PAVAGEAU, Secrétaire confédéral
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